C’est quoi mentir ? Est-ce que j’ai menti ? Je crois bien que oui…
Ça fait peur d’écrire comme on est. De faire comme on est vraiment. Car on se confronte au vrai rejet. Quand j’ai recommencé à écrire comme je suis, comme je ressens, avec l’intérieur du moi, j’ai senti que c’était différent. Petit à petit le shift a eu lieu. J’ai pas toujours osé. J’ai peur parfois d’oser. Peur de choquer. Briser des images. Construites. Que je me suis construites, aussi. Je pense encore à pourquoi cela, pourquoi spécifiquement moi ce chemin là ? Qu’est-ce que je suis venue chercher dans mes propres barrières, dans mes propres murailles avec le monde ? Là où plus jeune je sentais autre chose entre le monde et moi. Je sentais des possibilités.
J’ai eu besoin, moi aussi, d’appartenir, alors il est fort possible que j’ai moins cru en ce que je croyais. J’ai moins cru en la nuance et en la complexité. Et par confort quelque part, pour me rassurer que jusque là je ne m’étais pas trompée, je me suis défendue corps et âmes à un endroit où je n’avais pas besoin de me défendre. Je me suis menti à moi-même et cette idée est difficile à accepter parce que je pourrais dire que ce mensonge implique quelque chose de faux là où j’ai aussi ressenti du vrai. Ce fut difficile ensuite de savoir quoi penser. Sur moi d’abord, ma propre vie, mon propre parcours et surtout mes propres sentiments. Mais également mes idées sur le monde, ma vision de celui-ci.
J’ai toujours vu, enfant et adolescente en tout cas, des ponts là où les gens voyaient des murs. Ça a toujours été à la fois ma force, ma puissance de vie. Mon chemin est celui de quelqu’un qui cherche en continu je crois. Qui ne vit pas pour les réponses mais pour la curiosité.
J’ai pourtant cru à un moment trouver des réponses à pourquoi je me sentais si mal dans les normes de genre, dans le monde et les codes auxquels il fallait participer et que j’ai d’ailleurs toujours refusées. Par nature presque, instinct, sans penser, car justement incapable de faire ce qu’on me demande de faire même quand y’a une pression sociale de groupe.
Je crois que la suite de ça c’est que j’en attendais pluS du milieu militant LGBT et féministe. J’attendais une infinité de possibilités, des petites révolutions intimes et collectives, par la même de la structure et de l’inventivité. Mais nous sommes des êtres faillibles et je ne l’ai pas vu venir. Même dans la déconstruction de normes nous en construisons d’autres ou reproduisons parfois les mêmes malgré nous. Je crois que c’est ce regard là qui manque, de véracité, d’honnêteté je dirais. Il est subtil cet endroit. Il n’a rien avoir avec le partage des tâches. Il est ailleurs. Un ailleurs subtil.
Puis étant une personne très empathique, j’ai absorbé beaucoup de choses qui n’étaient pas moi. Il a fallu prendre du recul. Ce même recul dont j’étais capable plus jeune, quand l’exil du monde je le vivais à l’intérieur de moi même lorsque j’étais à l’école et que je me coupais des normes sociales de groupe.
J’ai toujours su faire ça. L’endroit où je n’ai pas su faire ça, les endroits où je n’ai pas su le faire c’est lorsque j’étais cassée, que je ne me faisais plus confiance. A écouter au fond que les avis et expériences des autres là où j’avais besoin de me recentrer sur moi.
J’ai parfois besoin de me couper du monde. Non pas parce que je le méprise, au contraire mais bien parce qu’il interfère parfois trop avec mon intérieur. Les émotions collectives et les pensées faciles et confortables ne m’intéressent pas. Je me suis trompée longtemps, je me suis menti aussi et j’ai menti aux gens autour de moi. Des choses que je ne pensais pas au fond de moi que je racontais, sortais comme un discours appris alors qu’en vérité, pour être honnête je n’en pensais pas un mot.
Comme cette fois là où j’ai écrit que j’avais aimé La jeune fille en feu alors que pour être honnête, je m’y étais fait chier.( tout petit mensonge je vous l’accorde mais j’en avais fait l’éloge dans un article).
Moi qui avais pour habitude de ne jamais m’auto censurer avant…Qu’est-ce qui s’est passé ici pour que je ne puisse plus dire exactement ce que je pense ?